Discours de Bertrand Louvel lors de la commémoration au Palais de justice de Paris pour le centenaire de l'Armistice

12/11/2018

Discours prononcé par M. Bertrand Louvel, premier président de la Cour de cassation, lors de la commémoration organisée le lundi 12 novembre 2018, au Palais de justice de Paris, pour le centenaire de l'armistice du 11 novembre 2018.

En ce 12 novembre 2018, cent ans après la signature de l’armistice, nous nous recueillons, unis, devant ce monument érigé à la mémoire des membres parisiens de la famille judiciaire morts pour la patrie. Le mémorial est situé au cœur du palais de justice, comme se dresse au centre de chaque village de notre pays, l’hommage à ces centaines de milliers d’hommes de France et d’Outre-mer morts sous les drapeaux, tandis que tant d’autres perdaient aussi la vie dans le camp adverse.

La place du village judiciaire national honore, pour ce qui est des magistrats, les noms de 133 morts pour la France : 6 d’entre eux exerçaient en cours d’appel, 94 dans les tribunaux de première instance, 27 dans les justices de paix, 6 au ministère de la justice. 22 venaient d’Outre-mer : 9 d’Algérie, 1 du Maroc, 1 de Tunisie, 4 du Vietnam, 2 de Madagascar, 2 de Guadeloupe, 1 du Sénégal, 1 de Guyane, 1 de la Réunion.

Ce monument à nos morts, toutes fonctions réunies, magistrats, avocats, auxiliaires de la justice, et notamment personnels des greffes pas encore fonctionnarisés à cette époque, nous invite au recueillement dans le sillage de nos anciens qu’animait un sens profond du souvenir et de la fidélité à la mémoire des disparus. Robert Badinter nous le rappelle tout récemment dans « Idiss », lorsqu’il évoque l’attitude de son propre père devant ces monuments : « quand mon frère et moi l’accompagnions au marché d’un village, je le voyais s’arrêter devant le petit monument en bronze… Je voyais mon père s’approcher, enlever son chapeau de paille et rester là immobile, à fixer les noms…. . Puis il s’éloignait lentement, perdu dans ses souvenirs et me tenant par la main. Il ne prononçait aucune parole, s’abstenait de tout commentaire… ».

En effet, le silence est le lien qui rapproche les morts et les vivants plus que toute autre manifestation.

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Par Bertrand Louvel

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